Il y a un an, je réfléchissais tous les matins à ce que j’allais porter pour aller travailler. Après tout, il y avait à mon agenda des réunions avec des clients, un repas d’affaires et peut-être un cinq à sept ou un souper après le travail. Je ne suis pas une victime de la mode, mais je m’efforçais de soigner mon apparence.
Voyons ce qui se passe actuellement. La plupart du temps, je me demande si mon associé va remarquer que je porte le même jean pour la troisième journée de suite, alors que, dans les faits, il ne porte pas attention à ce genre de chose.
Je ne crois pas que le port de chandails en molleton, de pantalons de yoga et de casquettes de baseball au bureau va être une tendance durable; j’estime cependant que notre nouveau style, plus tout-aller, va devenir la norme.
Nous avons tous vu la tendance se dessiner; en effet, un changement s’est opéré au cours des deux dernières décennies. Pendant les années 90, il était impensable de se présenter au bureau, plus particulièrement dans le milieu des affaires, sans porter un ensemble-pantalon, une jupe ou une robe ainsi que des chaussures habillées.
Au fil des ans, tant les grandes entreprises que les cabinets d’experts-conseils ont assoupli leur politique en matière de code vestimentaire et ont de plus en plus autorisé les tenues décontractées. J’ai dans mon garde-robe des chaussures superbes, de nombreux blazers et bon nombre de jupes, sur lesquels je porte un regard plutôt nostalgique. Vais-je de nouveau mettre mon tailleur marine que j’aime tant? J’étais tellement fière lorsque j’ai acheté ce tailleur chez Holt Renfrew; c’était le symbole de ma réussite professionnelle. J’étais une femme d’affaires déterminée, désireuse d’être prise au sérieux.
Avant la pandémie, bon nombre d’entreprises ont commencé à imiter l’approche plus souple des Google et Apple de ce monde, dans le but d’attirer et de garder les millénariaux, le « Saint Graal » de la main-d’œuvre. Ces entreprises essayaient par conséquent de projeter une image plus séduisante pour cette génération. On communiquait en quelque sorte le message suivant : « Vous voulez porter votre tee-shirt du concert d’Arcade Fire et des chaussures de gymnastique pour participer à une réunion avec le chef de la direction? Pas de problème, allez‑y, soyez vous‑mêmes! »
La pandémie nous a fourni l’espace nécessaire pour nous détacher un peu de l’ancien code vestimentaire. Avec l’explosion des vidéoconférences, nous avons même évolué vers un nouveau code vestimentaire hybride : des hauts très élégants et des vêtements plus sport pour le bas du corps! Que va-t-il se passer lorsque nous allons retourner au bureau? Pouvons-nous imaginer porter de nouveau des tailleurs ou des robes? Allons-nous ranger nos sandales Birkenstock et recommencer à porter nos escarpins Blahnik?
En avons‑nous assez de revêtir tous les jours nos tenues décontractées du vendredi? Ce qui est encore plus important, est-ce que l’on va juger les personnes ayant adopté un style vestimentaire moins classique?
Cet été, je suis allée plus d’une fois au bureau en short. Quelle horreur! Cette tenue aurait été inconcevable l’an dernier ou par le passé. C’était l’antithèse parfaite de l’image qu’une associée d’un cabinet de relations publiques « boutique » voulait projeter! Un jour d’été très chaud, j’avais rendez-vous avec une ancienne cliente pour le lunch, et elle portait un short, elle aussi. Elle avait l’air tellement soulagée. Elle m’a dit : « Je suis vraiment heureuse de constater que tu n’es pas si sophistiquée! » Pourquoi aurais-je dû porter des vêtements plus chics? Il y a des choses beaucoup plus importantes que sa garde-robe dont il faut se préoccuper.
Il est possible que la mode du tailleur passe, mais celle des chaussures demeure!
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